Dimanche 1er novembre 2015 – Patty Daury
Histoire de sortilèges
Sa marraine entrait toujours ainsi dans la pièce : elle apparaissait, nimbée d’une clarté lunaire, dans un panache scintillant, sourire aux lèvres, éclair topaze dans les yeux. Comment lui faire
comprendre que ça ne se fait pas, qu’on passe par la porte pour entrer quelque part, qu’on frappe d’abord pour s’annoncer et qu’on attend l’autorisation pour passer le pas ? Peine perdue ! As-tu
déjà essayé de trouver un plombier en urgence un dimanche d’août ? Eh bien, c’est à peu près comme ça que Sandrine se sentait face à sa marraine. Elle fondait à chaque fois. Aujourd’hui encore,
l’aventure valait sans doute le détour. Sandrine se savait un peu sorcière, mais elle voulait en avoir le cœur net. Elle suivit donc sa marraine au fond des bois. Au seuil de la crypte qu’elle
connaissait bien, elle enleva ses sandales, avala sa salive. Elle pouvait déjà distinguer les ombres lointaines des lézards virevoltant au son du piano déglingué.