Dimanche 1er novembre – Patty Daury
« Allons enfants de la patrie » chantaient les adolescents loufoques qui aimaient à en mourir, avant la fin du monde enchanté de l’enfance bulgare, adossée aux montagnes bleues Gitanes filtre. Et
toi, tu allais par les chemins détournés, en quête de la déchirure finale des voix d’outre-tombe, drapées dans les linceuls du vent sauvage et frais, tout entier à la griffure des vagues sur le
sable. Tu te dis que les êtres et les âmes ont séjourné trop longtemps à l’abri de l’hiver, dans la chaleur de la terre ancestrale, qu’il est temps de les exposer au vent mauvais qui n’aurait pas
dû, mais s’est octroyé, l’autorisation de rôder sur la banquise.
Les mouches se cognent sans discontinuer et meurent bêtement en tournoyant sur le dos dans un mouvement de hip hop désordonné, fixé dans le rai de lumière où voltigent les grains de poussière.
Pendant ce temps le vent coquin et grandiloquent passe par hasard au coin du jardin de curé, dont les plantes anciennes, alignées sagement, font joli dans le tableau bucolique auquel on songe
quand apparaît la nostalgie un brin ombrageuse et que glapit le renard.