Atelier du 01 décembre 2015 :
Transformez des titres de livres proposés, faites passer la liste de vos titres ainsi créée à votre voisin, il choisira un de vos titres pour faire son texte.
Choix : "La belle vie" -> "la mort moche"
-Choisissez des fruits ou légumes parmi la liste proposée à intégrer dans le texte.
C’est le jour "j" pour moi, je dois m’infiltrer en territoire ennemi. Nous sommes vendredi 05 mars 2015, je commence mon journal de bord, j’ai un petit micro sur le col il me suffit de parler, je veux tout raconter. Notre pays est en guerre contre l’État voisin depuis 5 ans, notre armée est anéantie et l’État ruiné, il ne reste qu’une centaine d’avions. Côté ennemi, l’armée aussi est détruite, ainsi que leurs moyens de communication, ils sont sourds à ce qui se passe dans le monde, mais ils ont de nombreux sites de missiles, camouflés dans les forêts de la région frontalière à notre pays. C’est là que j’interviens, je dois repérer tous les endroits stratégiques, y déposer des balises GPS et prendre le maximum de photos, et l’aviation fera le reste. J’en ai gros sur les épaules, le pays tout entier compte sur moi.
Il est neuf heures, toutes les télés sont là pour mon départ du camp, c’est mon heure de gloire et j’en profite, j’enchaîne interview sur interview, j’explique ma formation, trois ans d’apprentissage au total, j’ai appris à survivre seul en forêt, les techniques de camouflage, et aussi, comment éviter les pièges ennemis, ou encore comment utiliser ces appareils sophistiqués dont je suis équipé, j’ai exhibé fièrement ma casquette dotée de plusieurs éléments, dont ce micro-appareil photo à cent mille Euros qui envoie directement mes clichés à l’état-major.
L’État a investi cinq millions dans ma formation et mon matériel, les dernières ressources du pays, je suis donc la dernière chance, j’ai une responsabilité énorme. Mais j’ai vraiment tout pour réussir, sauf évidemment les moyens de communication, les échanges radios sont encore captés quand ils sont émis depuis leur territoire.
11 h, c’est l’heure maintenant, mon colonel me donne l’ordre de partir. 11 h 30, on me dépose en pleine campagne à cinq kilomètres de la frontière. Je commence à marcher. Midi, j’arrive à la lisière de la forêt qui est la limite entre nos deux pays, une fois à l’intérieur, je serai invisible, et lorsque j’en ressortirai je serai célèbre. Plus que deux mètres pour franchir le premier arbre, et être physiquement en territoire ennemi, je me prépare mentalement à cette mission de trois mois. Mais d’abord, j’ai une chose à faire, avec tout ça, je n’ai pas eu le temps de pisser depuis ce matin, je n’en peux plus. Avant de vraiment démarrer l’aventure, je vais me soulager contre l’arbre devant moi. Je sors mon aubergine… J’ai entendu un bip, c’est pas possible ! Je comprends ce qui se passe, c’est une mine aérienne à détection laser, je vois le point rouge sur ma banane, je le reconnais, j’ai eu une formation spéciale sur ces mines antipersonnel qu’ils sont les seuls à fabriquer. Je ne veux pas y croire ma mission n’est même pas commencée ! Je regarde aux alentours, je la découvre dans l’arbre juste au-dessus de moi, non !
J’enrage, c’est quoi ces méthodes ? Ça n’a pas été évoqué en formation !
On est juste à la frontière, Merde !
j’ai encore les deux pieds dans mon pays, c’est scandaleux. Bon, j‘essaie de me calmer, j’ai appris à les désactiver, mais par en dessous c’est impossible, et si je bouge, la mine s’enclenche et je suis perdu. Je ne peux même pas prier pour que l’on vienne à mon secours, si je bouge les mains, mon poireau bouge aussi. Et adieu ! Me voilà piégé. Ça m’ennuie de relater tout cela dans mon journal de bord, mais je sais que vous avez besoin de comprendre ce qui m’est arrivé. J’ai une idée, je peux faire une photo de la mine et une autre de ma carotte avec le point rouge dessus, l’état-major comprendra la situation et enverra du secours, malheureusement la casquette est accrochée derrière mon sac à dos, je vais tenter très lentement de la récupérer.
12 h 30, j’ai essayé d’une main puis de l’autre, impossible de l’attraper. J’y pense, dans ma chaussure, j’ai de quoi envoyer un SOS, il suffit d’ouvrir le talon, c’était prévu une fois mon travail terminé, il y a deux boutons, un pour signaler la fin de la mission et envoyer le bombardement, l’autre pour signaler ma position, damned !
Pour cela, je dois enclencher l’émetteur qui est dans le sac !
Bon, analysons la situation, je suis à l’orée de la forêt, on peut me voir de loin, peut-être que quelqu’un passera dans le coin et me verra. Pourvu que les équipes de télévision ne débarquent pas ici, je serai la risée du monde entier.
23 h, personne n’est venu, je suis toujours debout sans bouger, je fatigue, il fait nuit noire, je ne vois plus que ce point lumineux rouge sur ma carotte.
6 h, samedi matin, j’ai lutté contre le sommeil toute la nuit, j’ai tenu bon, mais pour combien de temps encore ?
9 h, du mouvement dans la forêt, c’est ma chance, j’appelle, ce sont deux soldats ennemis qui font une inspection de leurs pièges, ils me voient, restent à bonne distance et comprennent ma situation humiliante, ils rient, les salauds ! J’ai une arme dans la poche, je ne peux pas tirer à cause du recul, mais je vais les menacer pour qu’ils me sortent de là. Je n’arrive pas à bouger mon bras, mes membres ne me répondent plus, à rester si longtemps immobile je suis complètement ankylosé, seuls mes yeux peuvent bouger. Ils partent, me laissent à mon sort. 13 h, je ne tiens plus, je dois me reposer, mais membres étant bloqués, si je fais un petit somme, il y a une chance pour que je ne bouge pas d’un poil, je vais dormir un peu…
Anthony Rouet